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PHILO-ALETHEIA
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13 avril 2015

De l' INCONSCIENT

 

L'oeuvre de Schopenhauer contient de précieuses indications sur l'inconscient : le rêve, la folie, le refoulement sont analysés de manière novatrice comme expressifs du vouloir vivre, alors que l'intellect est court-circuité par une force qui le dépasse. De plus Schopenhauer est le premier à donner une place toute nouvelle à la sexualité en philosophie, qui jusque là était plutôt abordée dans le roman. Pour autant il ne crée pas vraiment un concept de l'inconscient. Son thème central c'est le vouloir vivre.

Créer un concept de l'inconscient c'est le projet de Freud. Il y consacre un chapître important de sa Métapsychologie, où il dénonce la conception classique selon laquelle le conscient représente la totalité du psychisme, remarquant que la conscience est discontinue et lacunaire, et que dès lors on ne saurait lui attribuer la paternité de certains actes, ou pensées, dont la causalité est inconnue à la conscience : rêves, lapsus, actes manqués, symptômes, conduites névrotiques ou psychotiques. Puis il s'efforce de définir plus exhaustivement l'inconscient comme une "autre scène", un appareil psychique distinct, procédant par processus primaires - contrairement aux processus secondaires qui règnent dans le conscient. Les processus primaires se caractérisent par la condensation et le déplacement, dont on peut observer le travail dans les rêves. Plus largement l'inconscient est constitué par le refoulement : l'inconscient c'est ce que je ne veux pas savoir de mes désirs, de mon histoire passée, de mes attachements infantiles mal liquidés.

Est-il important de se demander si l'inconscient est vraiment un concept, plus encore, comme le voulait Freud, un concept scientifique ? Ce qui compte plutôt, vue l'extension, vu l'élargissement de cette notion (songeons à l'inconscient collectif de Jung) c'est sa qualité opératoire, sa dimension polémique, sa capacité de désidéalisation : on en revient trop facilement à surévaluer les idées conscientes en négligeant la dimension d'oubli, de forclusion, de déni qui servent de support aux idéologies. Comment dénier le rôle de l'inconscient dans certaines formes modernes de fanatisme ? Il me semble que le philosophe, s'il est vraiment animé par le souci de la vérité, se doit de garder ouverte cette porte d'accès à l'énigme de l'humain, sauf à rêver les yeux ouverts.

Ajoutons que les recherches neurobiologiques contemporaines nous font entrevoir un inconscient encore plus archaïque, celui des premiers traçages neuronaux inscrits dans la matière cérébrale, qui conditionnent notre sensibilité fondamentale, inconscient neuronal, non plus construit par le refoulement, mais formant une sote de mémoire inconsciente du corps. Dans l'inconscient psychique je ne veux pas savoir, dans l'inconscient neuronal je ne peux pas savoir. Reste à voir dans quelles mesures il est possible de réparer un système neuronal gravement perturbé - violences parentales, abandonnisme, négligence - et avec quels soins, chimiques, thérapeutiques ou autres.

Deux inconscients, deux logiques différentes et hétérogènes ? Le plus surprenant c'est que l'homme puisse vivre et prospérer au vu de la complexite incroyable de sa constitution. GK

 

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Commentaires
G
Jung... et Groddeck pour qui "nous sommes vécus par le ça" - ce qui signifie que l'inconscient est pensé comme une gigantesque force cosmique dont nous n'avons qu'une perception très amoindrie, et qui nous porte comme le grand fleuve de la vie universelle. Le conscient, en dépit de ses parades, et qui croit gouverner, est en fait immergé et emporté, comme on le voit dans les maladies, mais aussi dans les capacités de symbolisation et de création, qui ne sont possibles que si la conscient fait silence.
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D
Très intéressante, l'image du théâtre lorsqu'on sait que le moi lui-même se déploie sur la scène imaginaire qu'il occupe sous des formes-personnages variées qui définissent les rôles auxquels celui-ci s'identifie.(Lacan)<br /> <br /> Tout le problème est, en effet, de savoir si ces images mentales aliènent le sujet, le figent dans une normopathie comportementale ou si elles permettent un dynamisme en prise avec les forces pulsionnelles inconscientes déposées à l'occasion des rêves et autres processus souterrains.<br /> <br /> Sur ce plan, en effet, Jung a des choses à nous dire...
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B
Pour répondre à la question « comment libérer les possibilités actives ? », on peut envisager avec Jung que c’est dans cet « entre », entre conscient et inconscient que peuvent s’activer de nouveaux possibles. Dans une confrontation, un dialogue, à partir des données, manifestations brutes de l’inconscient (rêves, actes manqués, maladies, humeurs, affects…) L’image d’une scène de théâtre pourrait peut être illustrer cet « entre ».C’est un peu comme si le « sujet conscient » évoluant sur une scène de théâtre (sa vie, la sienne, ) suspendait au vestiaire sa volonté et son désir de contrôle, maîtrise , pour utiliser, tirer parti des matériaux bruts de l’inconscient déposés dans les coulisses de la scène. Et relançait chaque jour par cette nouvelle combinaison, intégration de nouveaux contenus et abandon de formes et contenus périmés, devenus stériles et encombrants, un dynamisme de jeu et pour continuer sur cette image de scène, un champ de conscience élargi . La conception de l’inconscient pour Jung va au-delà du « refoulé » freudien. A suivre…
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D
Voilà qui montre bien que l'inconscient en négatif n'est qu'une illusion de plus dont il faut se déprendre et qui s'inscrit dans le paradigme dominant qui pense à partir d'un soubassement qu'on veut clair et distinct (comme par exemple le langage).
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P
Il faut penser l'inconscient en négatif à partir des illusions du conscient, ce qui ne signifie nullement que l'inconscient est négatif. La positivité de l'icst s'appréhende dans les productions oniriques,les fantaisies et la création quand elle n'est pas strictement répétitive - car là est le vrai problème, comme Schopenhauer l'avait bien .vu. Toute la question est de savoir comment libérer les possibilités actives.
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PHILO-ALETHEIA
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