REVERSIBILITE
« Si nous pouvions ne serait-ce qu’un instant nous échapper des « ismes », jolis petits systèmes bien rodés, à la circonvolution bien définie : l’idéalisme, le matérialisme, l’empirisme…que sais-je encore ? Le challenge pour tout ami véritable de la vie n’est-il pas de revenir à soi, à cet élan qui nous anime et participe au vivre, mieux à l’injonction du vivre !
Je me tiens jamais au plus près du réel que lorsqu’au fond je le déréalise, je le « déconceptualise ». Abandon de la pensée, de la raison, des schématismes transcendantaux et autres mécanismes intellectuels qui soudent, enferment le réel dans une boite, ou autres petites cases catégorielles. Pour nous retrouver, il faut donc apprendre à se perdre dans les dédales de la sensation, de l’imaginaire, de l’esthétique. Il s’agit d’expérimenter cette capacité « naturelle » d’être sollicité par les impressions originaires de nos sens. Je suis DANS la vie et cette expression n’a pas à répondre aux demandes de justifications.
Je ne suis pas dans le monde mais j’habite un monde en m’appropriant un espace qui ne résonne pas seulement mais retentit en moi et réciproquement. C’est alors que se déploie une douce oscillation, un battement d’ailes entre l’éveil de l’imaginaire et l’accueil de l’entrelacement, chiasme du senti-sentant. C’est une position de re-pli puis de dé-pli de soi, un virement d’être qui bouleverse et réanime l’existence de profondeurs, innervée par des rayons de lune, par des soleils d’hiver et d’été. Une danse étoilée se dessine, sans mise en scène ou faux semblants, une donation de soi à soi apparait, de soi au monde aussi, filante dans une glissade ou échappée : un corps à corps avec l’espace.
Quand un danseur danse qui danse lui ou le monde ? Les sources endormies que j’avais oubliées enfin se réveillent, dans cet écrin du vivre : Réversibilité.
MPC