Carnets de voyage à la page arrachée
Du désir et de ses blessures comment (l'exilé peut-il) parler ,
A quelle clef du sol s'en remettre quand se dérobent les rives , les marges et les confins ?
Parti au plus loin du soi , expatrié , apatride et rapatrié
En dérobades , nomade et sédentaire
Moi
qui suis
Ici, là-bas, ailleurs et
Nulle part
Et qu i donc suis-je, moi , au milieu des qui suis-je ?
Un territoire à défricher, à chiffrer et déchiffrer sans trêve
Toujours des cartes à n'en plus finir
Des cartes au pays de Descartes
Des cartes à jouer l'identité
Des cartes de séjour sur cette terre
Promise
Des cartes de Gé
O
Graphie
Comme les lignes du destin
Des cartes
Qu'on dit vitales ou d'infidélité
Des cartes de dis-crédit
Sur la face de l'Autre
J'habite la constellation du rêve
Place de l'étoile
Sans domicile
Définitivement
Fixe
Sur la poussière du monde
Là
Où la peur pulvérise les regards
(Que l'on mendie)
Dans le (brûlant) silence de la rue oublieuse
Et qui mord.
JB D
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Résonance 1
Ce désespoir de ne saisir jamais aucun signe définitif, probatif, d'authentification, et, du coup, la question risque de rebondir indéfiniment...
Est-il moyen - humain - de calmer cette angoisse, d'assigner demeure dans le sans-demeure?
Je ne sais. Nul ne sait, que les boni-menteurs de bas vol, détrousseurs, écornifleurs,
Chancres de l'absolu monnayable en sang versé, en larmes de cire.
Je rejoins quant à moi la bande barriolée des irréconciliés,
Pauvres hères de l'errement, de l'erreur
Seuls qui valent encore le titre d'homme dans les temps qui courent
Et dont l'honneur est de ne pas se rendre, de persister dans l'errance
Vivants de se savoir mortels et faillibles
Clamants leur chant de liberté de par le monde, jusqu'à la dernière heure!
(GK)
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Résonance 2 " Dispersion"
BC
Résonance 3
J'aime cette image poétique de la carte à jamais séparée de son objet, de la recherche sans fin d'un soi qui disparaît dans l'oubli à mesure qu'on l'approche et le frôle. Il y a dans ce poème, la blessure originelle, la faille de l'existence immédiate et lointaine, brûlante et fuyante comme le feu et l'eau, une plaie béante en son centre, et pourtant inaccessible parce que soi c'est l'ailleurs, l'étranger, l'insaisissable. Dispersé en poussière étale, il se perd dans le jeu des chiffres aux décimales infinies.
Que reste-t-il, sinon la trace esseulée d'un pas inhabité ?
DK