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PHILO-ALETHEIA
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8 juillet 2010

Ouverture à la métaphysique

La philosophie distinguait  généralement la physique et la métaphysique, la première désignant l'ensemble des savoirs élaborés par les sciences de la nature (astronomie, astrophysique, physique fondamentale et appliquée, chimie, biologie etc), la seconde désignant une réflexion spéculative sur les fondements ultime de la connaissance, les principes et les résutats. On pensait que là où s'arrête la physique commence la métaphysique, comme l'indiquent Aristote et l'étymologie : méta, après la physique. Cette interprétation est contestable si l'on définit, comme fait Marcel Conche, la métaphysique comme l'effort de penser le Tout dans sa totalité, par delà les limitations inévitables des sciences positives, mais en deça tout aussi bien, dans un rapport immédiat à la nature. Dans cette lignée nous entendrons par métaphysique la démarche d'intuition et de pensée, fondée sur l'expérience, qui accueille toutes les occurrences du réel, en tout domaine, pour en dégager le tranchant. Contre les interprétations idéalistes qui balisent a priori le champ de l'expérience pour y retrouver un sens supposé fondatif, une légitimation de type religieux, une finalité providentielle, nous nous efforcerons de ne rien projeter, ni attente, ni espoir de sens, pour nous rendre infiniment et poétiquement disponibles, en toute simplicité, à ce qui surgit. D'où un accueil inconditionnel de l'événement, faste ou néfaste, des faits, et des "choses", dans leur paraître, et leur é-vidence.

C'est Anaximandre qui ouvre le champ, dans une fulguration éblouissante. Porté par l'intuition tragique des poètes mythologiques, Homère et Hésiode, il dégage cette notion d'Apeiron, absolument fondative de la pensée métaphysique. L'Apeiron c'est étymologiquement le non-limité, l'illimité, ce qui s'oppose par conséquent à tous les "être ou paraitre" que nous proposent la perception, le langage et la pensée discriminante, toujours partiels, limités, fugaces, impermanents, soumis à la génération et à la corruption, emportés dans le flux du temps, et dont la connaissance ne peut être que limitée, imparfaite, relative. Les corps vont et viennent, les éléments se transforment les uns dans les autres, dans la danse cosmique, sans début et sans fin. Quelle est donc l'origine (le fond permanent), qu'il faut soigneusement distinguer du commencement (chronologique), à partir de quoi se fait cette éternelle et incorruptible pro-venance des choses du monde? C'est l'Apeiron,

"l'Illimité est le principe des choses qui sont. Ce dont la génération procède pour les choses qui sont, est aussi ce vers quoi elles retournent sous l'effet de la corrution, selon la nécessité ;  car elles se rendent mutuellement justice et réparent leurs injustices selon l'ordre du temps."

On peut dès lors esquisser une définition de la métaphysique. Interrogation, par de là les changements visibles et perceptibles, qui porte sur le fond, le fondement, le principe (archè) de ce surgissement ininterrompu ; méditation et contemplation de l'originaire ; étude des grandes pensées historiques sur la "physis" (natura) qui ont tenté de donner une image conceptuelle de cette fabuleuse énigme du ' "il y a". Dans notre parcours nous parlerons de quelques fondateurs incontournables qui ont fécondé pour des siècles l'interrogation et la vision.  La métaphysuique ne peut être une science au sens commun du terme, elle qui embrasse l'infini, à la différence des sciences positives qui définissent un champ discret d'observation, d'expérimentation et de théorisation. La métaphysique est une vision, une intuition, qui vaut par la profondeur, l'universalité et la fécondité de ce qui est donné à voir.

Toute conception de ce genre repose sur un pari : ordre ou désordre, hasard ou finalité, providence ou insignifiance, nécessité ou aléatoire, unité ou multiplicité, sens ou ab-sens. Nous donnerons nos propres intuitions, sans fausse pudeur, ni prosélytisme, offrant à chacun les éléments pour penser. Mais que le lecteur veuille bien nous accorder ce droit élémentaire à la prise de position raisonnée, sans laquelle il n'est pas de liberté philosophique.

(Guy Karl)

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