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SIGNIFICATION d'ALETHEIA : PHILO ALETHEIA
Ce que l'on désigne, en Occident, sous l'appellation de philo-sophie s'origine explicitement d'un "PHILEIN" d'un "aimer", d'un "désirer" fondamental, désir de savoir ce qu'il en est de l'homme, des dieux et de l'univers.(Oracle de Delphes).
Alètheia c'est la vérité. Traditionnellement le philosophe se présente comme l'amant de la vérité, le chasseur de vérité. Dans les premiers temps de la pensée grecque on a pu croire que la vérité était déposée dans Sophia, la sagesse. Sagesse des mythes, des poètes et des dieux. Quand les mythes perdirent leur crédit, apparut la philosophie, amour de la sagesse, amour d'une sagesse dont le sens avait disparu. Il fallut créer une nouvelle conception du monde, où le mythe s'effacerait devant l'exigence de rationalité. Naissance des mathématiques, de l'astronomie, de la physique, de la géographie, de l'histoire, mise en marche d'un processus méthodique d'exploration du monde sensible. Alètheia, que les premiers penseurs situaient à l'origine, comme révélation sacrée, devint dès lors l'horizon lointain de la connaissance, la congruence ultime du savoir et du réel. Cette définition de la vérité est présente, aujourd'hui encore, dans nos esprits, et peut-être même chez beaucoup de scientifiques.
Le fondement théorique, le nôtre, dans ce groupe de recherche, est très différent. Nous ne croyons pas que la vérité soit la conformité du savoir au réel, parce que le réel est très précisément ce qui échappe au savoir, soit parce que le savoir est toujours en retard sur le surgissement du réel, soit parce que le réel est ce qui résiste indéfiniment au processus d'observation, d'expérimentation et de théorisation. Nous avons des modèles, nous construisons des modèles de plus en plus fins, opératoires, complexes et efficaces, mais le modèle n'est qu'une construction de l'esprit, vérifiable ou falsifiable jusqu'à un certain point, jusqu'au prochain démenti, amendable parfois, obsolète fort souvent, et de toute manière différente par essence de ce qu'il s'agit précisément de connaître. Les Orientaux disent : ne confonds pas le doigt qui montre la lune avec la lune.
Nous respectons profondément l'esprit et la méthode scientifiques. Mais nous ne nous sentons pas prisonniers de la science. La dite vérité scientifique est plutôt une "validité scientifique" qu'une vérité. Nous pensons que d'autres démarches, poétiques, artistiques notamment, ont leur validité. Et pourtant le terme de vérité nous semble nécessaire, incontournable, alors même qu'aucune définition satisfaisante ne peut en être donnée.
A-LETHEIA : le non-oubli, s'il est entendu que LETHE c'est l'oubli. Et que faut-il ne pas oublier? Que tous nos savoirs sont relatifs et précaires. Qu'au delà de nos représentations, ou en deça, c'est le reél en lui-même qui devrait être notre souci. Alètheia : ouverture, accueil de la conscience réformée à l'acuité du réel. Voilà un début de définition, et qui n'est pas du semblant.
Et puis ceci encore : ALE : la danse. THEIA : divine. Divine danse des Bacchantes enivrées de vin, de musique, de danses extatiques en l'honneur de leur dieu, Dionysos, symbole inépuisable de la fécondité, de la nature ensauvagée, père du théâtre tragique, poète et musicien.
Dans le même mouvement d'enthousiasme le Logos rationnel et le Logos poétique s'enlacent pour les noces de la nature et de la connaissance.
(GK)